Quéguiner, 60 ans et toujours en construction

Lors du premier Palmarès de 1988, Quéguiner comptait 515 salariés, 7 agences pour un CA de 69 millions d'euros. Vingt ans plus tard, le N°1 du négoce en matériaux de construction indépendant de Bretagne pèse plus de 210 millions d’euros de CA avec 950 personnes et 21 agences.

“Ces deux décennies se partagent pour nous à parts égales. De 1988 à 1998, un marché difficile où il a fallu se battre, et de 1998 à début 2008, un contexte immobilier très favorable. Aujourd’hui, par le cycle sans surprise de hauts et de bas, voilà le retour d’une dépression…mais qui ne durera pas dix ans !” Claude Quéguiner, 54 ans, affiche un optimisme réaliste face à la crise qui touche toutes les économies en cette fin d’année. “Notre philosophie a toujours été la même : quand ça va mal, on investit et on se développe pour être les premiers prêts quand l’embellie arrivera. Et ça nous a plutôt bien réussi, non !” Il y a tout juste 60 ans qu’Yves Quéguiner, le père de Claude, se mettait à son compte dans sa ville de Landivisiau pour participer à la reconstruction de l’après-guerre. Par son énergie et son art de répondre aux problèmes dans cette période de pénurie, l’orphelin pauvre revenu des camps de prisonniers ne restera pas longtemps seul. “Il a donné à l’entreprise cette philosophie d’aller de l’avant justement quand ça va mal, à l’inverse de beaucoup de gens, explique le fils. En 2009, avec la crise qui va s’installer encore plus, nous ouvrirons donc de nouvelles agences !”

Des années de développement
_ Claude Quéguiner est entré dans l’entreprise dès 1976 pour assister son père. Il le remplacera en 1985, à la veille de ces 20 années qui nous intéressent. “Le développement de notre implantation régionale, les reprises d’autres sociétés, l’extension de nos activités, la rationalisation de notre fonctionnement… ont marqué le fil du temps de l’entreprise devenant un groupe”, résume-t-il modestement. Autour de ses deux grands métiers, le négoce de matériaux et la fabrication de produits béton, à destination à 80% des professionnels du bâtiment, le groupe fonctionne en filiales de trois activités, la distribution (Quéguiner Matériaux…), le service (Quéguiner Transports et ses 120 véhicules…) et la production où l’on retrouve, entre autres, MDA, les Menuiseries de l’Atlantique, créé en 1990 pour la fabrication de menuiseries en PVC, Urvoy, fabrication de tuyaux béton racheté en 1998, et Celtys, nouveau nom des quatre usines Quéguiner Industries depuis 2004 pour vendre des produits béton, dont beaucoup à façon comme pour les tramways, sur toute la France et… aux concurrents. “Il est des années que je n’oublierai pas tant elles nous ont demandé de fil à retordre en dehors directement du négoce, narre Claude Quéguiner. Il y eut 1999 pour le passage aux 35 heures alors que l’entreprise marchait sur 42h, et non pas 39. Il a fallu trouver des solutions pour chacun de nos différents métiers au gré des multiples conventions collectives. Nous avons embauché plus de 60 personnes supplémentaires. Et puis un autre passage, celui de l’an 2000 : nous fonctionnions avec un système informatique maison, développé en interne au gré des années, qui ne pouvait passer le millénaire. Il a fallu en acquérir un nouveau, changer le matériel et surtout former tout le personnel… une enveloppe de 2 millions d’euros !”

Des années d’ouverture
_ Deux événements majeurs de ces deux décennies symbolisent l’ouverture de l’entreprise. Vers l’échelon hexagonal tout d’abord en 1996 avec la création, à l’initiative de Quéguiner, de MCD, Matériaux de Construction Distribution, un groupement de négociants régionaux et indépendants. Cette centrale de référencement compte six partenaires, Trialis en Haute-Garonne, VM Matériaux en Vendée, Samse en Isère, Boyerval Van-Peer dans le Nord, Denis Matériaux en Ille-et-Vilaine et donc Quéguiner, pour peser, sur 68 départements, 2,2 milliards d’euros de CA, 547 points de vente et 11 560 emplois. “Ensemble, nous avons pu lancer des marques de distributeur, comme ‘Les Indispensables’ ou ‘Sélection Pro’, et dernièrement ‘Moboa’ pour les produits destinés à la construction bois”, explique Claude Quéguiner qui fut président jusqu’à l’an passé de ce réseau original.
L’autre événement nous ramène à Landivisiau en 2006 avec la création de l’école de formation de vendeurs. Au terme de dix mois de théorie par un organisme certifié et de pratique au sein du groupe (jusqu’à monter un mur pour mieux comprendre les tenants de la construction), les 15 premiers élèves, issus du monde scolaire, obtinrent un certificat de qualification professionnelle et furent embauchés. Pour la 3ème promotion en cours de 33 élèves, trois filières ont été ouvertes : une toujours pour les étudiants, une pour des salariés du groupe désirant devenir vendeur en interne et une dernière pour des vendeurs en interne voulant passer à l’externe, c’est-à-dire sur la route à la rencontre des professionnels. “La qualité de notre force de vente est déterminante. Aujourd’hui, nous avons 70 vendeurs sur la route car chez Quéguiner, on n’a jamais été du genre à attendre le client les bras croisés !”

Des années d’avenir
_ Claude Quéguiner n’entend donc pas s’endormir sur ses 10 000 comptes clients actifs, ses 56 000 références produits, du gros-œuvre à la décoration, sa présence sur le maillot des footballeurs du Stade Brestois depuis 8 ans ou auprès des Vieilles Charrues, 1er festival musical de France. “En 2009, nous ouvrirons des agences à Guingamp, Lannion et Saint-Malo. Celles de Mauron, Plomeur et Crozon seront rénovées. Et nous finaliserons des projets sur Savenay et Saint-Meen-le-Grand, toujours pour développer notre maillage sur le terrain.” Et la crise alors ?
“On prévoit bien sûr des moments difficiles et on n’imagine pas une reprise avant deux ans. Sans doute ne dépasserons-nous les 1 000 collaborateurs qu’en 2010 au lieu de 2009 comme le laissait imaginer notre progression, mais quand l’embellie sera de retour, nous serons plus forts, plus présents… et plus déterminés que jamais !” Le créateur Yves Quéguiner, dont le portrait trône dans le bureau du P-DG, n’aurait pas dit autrement.

Yves Pouchard
_ Bretagne économique n° 190 décembre 2008/janvier 2009

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