EmulBitume, référence internationale de l’émulsion de bitume

Discrètement installée tout près de la RN 12 à Trégueux près de Saint-Brieuc, la société EmulBitume fait peu parler d’elle mais reste pourtant une des cinq entreprises au monde à fabriquer des machines pour l’émulsion de bitume. Si la crise est aussi passée par là, le rebond s’annonce déjà.

Quid de l’émulsion de bitume ? Elle sert à construire et entretenir les routes : quand on voit des gravillons, c’est de l’émulsion (bitume mélangé à de l’eau), sinon c’est de l’enrobé classique (bitume pur). Aujourd’hui aux mains de la deuxième génération, le frère et la sœur, EmulBitume s’est développée de façon exponentielle. « Quand mes parents ont acheté l’entreprise à son créateur en 1994, nous pensions qu’il s’agissait d’une petite activité tranquille, se souvient Marine Vandorme. En réalité, mon père a réalisé qu’il y avait un potentiel très important ». Forte d’un cursus de commerce international, la jeune femme met l’accent sur le commercial dès son arrivée en 1995. Le marché français étant saturé, il y a encore le reste du monde… En 15 ans, la société est passée de quelques installations en Europe et 458 000 euros de chiffre d’affaires à une présence dans 65 pays sur les 5 continents et 2,5 millions de CA (dont 80% à l’export). Pour une TPE de 8 personnes, on se satisferait à moins. Chaque année, derrière le parement gris et blanc des bâtiments, sont fabriquées et testées une dizaine d’unités de production industrielle. Le matériel est ensuite expédié en Chine, en Australie, au Bénin ou ailleurs, accompagné d’un technicien dont la mission sera de le mettre en service et de former le personnel sur place. « Depuis deux ans, l’usage de l’émulsion explose partout dans le monde, pendant qu’il diminue en France, constate Marine Vandorme. L’émulsion est à 80°, les autres techniques peuvent atteindre 160°, et pourtant ce sont de nouveaux enrobés à 100° et plus coûteux qui viennent empiéter sur notre territoire. Les lobbies ont un pouvoir important… »

Miser sur le développement des partenariats

En attendant, la question du jour reste la crise économique. Ici, l’activité est très saisonnière : les routes se construisant de mars à octobre, les commandes sont passées l’hiver. L’an dernier, le carnet de commandes ne s’est pas rempli autant que les années précédentes. Et sur ce secteur, EmulBitume dispose de peu de moyens de levier. « Ce sont les états qui décident de faire des routes ou pas et débloquent des crédits nécessaires. Nos entreprises clientes ne peuvent investir que si elles ont des marchés. Nous ne pouvons donc influencer la prise de décision. » Le nerf de la guerre ? Le réseau de partenariats noué avec les clients, les centres de recherche et les différents acteurs du marché. Il s’agit de rester informer et de pouvoir réagir au moindre frémissement. « La crise n’a pas remis en cause la pérennité de l’entreprise, mais il y a des pays auxquels nous ne nous intéressions pas, car cela semblait trop complexe, et que nous étudions désormais. » C’est le cas de l’Algérie par exemple, qui entreprend de nombreux travaux routiers, ou de l’Iran où EmulBitume a désormais un agent commercial. Des délégations de ces pays sont attendues dans les locaux de Trégueux. « Nous repartons pour la campagne d’hiver sur un marché que l’on sent moins frileux que l’an dernier, se réjouit Marine Vandorme. C’est très subjectif mais, déjà, les demandes de devis sont plus importantes. » Elles restent à être suivies par des commandes fermes. Dans un avenir plus lointain, les enjeux seront surtout techniques et se posera la question de la matière première. « Le bitume est le résultat de la distillation du pétrole, c’est ce qui reste quand on a récupéré toute la partie « noble ». Or, nos clients constatent que la qualité du bitume diminue nettement car, étant donné le prix du baril, on en extrait le maximum. Cela n’ira pas en s’arrangeant. C’est un challenge pour nous, mais surtout un, pour les fabricants de produits chimiques, qui doivent trouver des solutions techniques afin de résoudre le problème. »

Véronique Rolland _ N° 196 Octobre-novembre 2009

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