Chainarmor (Plélo – 22), le défi de la diversification

Avec un effectif de 65 personnes, Chainarmor, fabricant d'armatures pour béton, a progressivement élargi son champ de compétences, initialement limité à l’armature standard artisanale. Désormais dotée d’une capacité de production de 1 300 tonnes par mois, l’entreprise vit au rythme des fluctuations du marché du bâtiment, mais a appris à en maîtriser les aléas.

Dans les ateliers installés sur le site de Plélo (22), barres et bobines d’acier sont coupées, façonnées et assemblées pour former les armatures à béton d’ouvrages du bâtiment et de génie civil. La particularité du lieu ? “Nous sommes le seul site en France sur lequel sont regroupées une production d’armatures sur plan, d’armatures standard, de treillis soudés spéciaux et une unité de préfabrication de béton, le tout associé à un bureau d’études de structures en béton armé”, souligne Éric Wietzel, président de la SAS. Une offre complète, en grande partie automatisée, qui constitue la force de l’entreprise et lui permet de répondre conjointement aux 3 marchés du secteur : réseaux de négociants en matériaux (Point P, Mafart…), PME d’envergure régionale (Scobat, groupe Angevin…) et grands groupes (Vinci, Bouygues, Eiffage…). Le secteur d’intervention géographique reste néanmoins limité au grand Ouest, du fait même de la nature de l’activité.

“L’armature à façon est un produit volumineux et plein de trous, on transporte du gruyère !, indique Stéphane Viaud, le directeur. Entre 1995 et 2000, nous avons investi le marché parisien mais nous avons vite réalisé que le coût du transport était prohibitif. Il y a donc une balkanisation géographique du marché de l’armature, rendant difficile un développement au-delà du grand Ouest”. Une activité qui, dès 2009, a subit le contrecoup de la crise économique ; plus particulièrement le secteur de l’armature standard en chute de 35%. D’un chiffre d’affaires de 14millions d’euros en 2008, Chainarmor inscrit 11millions d’euros au compteur en 2012. Un moindre mal, dans la mesure où la baisse d’activité a été préparée.

Une crise anticipée

Dernière-née en 2008, l’activité de préfabrication de béton répondait non seulement à une nécessité de diversification, mais également au “retour de bâton” pressenti. “Entre 2003 et 2008, toutes les entreprises du bâtiment avaient du travail avec des rentabilités exceptionnelles, reprend Stéphane Viaud. Nous étions en surchauffe et il était évident qu’il y aurait un renversement. Nous savions qu’il faudrait trouver un relai de croissance important et dans cette optique, nous avons développé un atelier de préfabrication béton”. Une initiative qui a permis de jouer le rôle d’amortisseur, tout en répondant à une demande qui, de marginale à l’époque, est devenue régulière. Les entreprises de construction étant soumises à des délais de plus en plus restreints, ces solutions constructives sont intéressantes sur les chantiers. Désormais, poutres, poteaux, longrines, etc., sont moulés et séchés dans l’usine et livrés prêts-à-poser. Un gain de temps appréciable dans lamise enoeuvre des chantiers qui s’émancipent du banchage et du temps de séchage.

Et si l’activité ne constitue pas le coeur demétier de Chainarmor, elle permet également de fidéliser la clientèle. Or, si le secteur de la maison individuelle continue de marquer le pas, les deux responsables observent une demande bretonne soutenue depuis le printemps. Leur carnet de commandes voit s’inscrire des ouvrages bien spécifiques. “Cela concerne de grosses opérations telles que la clinique de Plérin, le lycée maritime de Saint-Malo ou le centre Alma de Rennes, précise Éric Wietzel. Dès 2014, nous engagerons une enveloppe de 700 000 euros afin de moderniser davantage notre outil de production, essentiellement pour soigner l’ergonomie des postes de travail.” Atteinte dans les années fastes, la capacité de production de 1 300 tonnes est désormais de 800 à 1 000 tonnes par mois. Des volumes revenus à la “normale” et qui laissent les deux hommes optimistes. “De nouveaux logements seront toujours nécessaires, reprend Stéphane Viaud. Les perspectives migratoires vers la Bretagne sont favorables, sans oublier que par rapport à d’autres régions, les Bretons sont particulièrement axés vers l’accession à la propriété. Quant à savoir quand et comment se fera le rattrapage…”

Véronique Rolland

Bretagne Economique N°224 Octobre-Novembre 2013

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