Morel & Gaté : la chaussure de luxe ressuscitée à Fougères

 

Redonner vie à la chaussure de luxe à Fougères : c’est le pari un peu fou d’un trio de jeunes entrepreneurs emmené par Jerry Sanghami-Ouensana. Après avoir racheté la marque Morel & Gaté*,  ils ont investi 400 000 euros dans des locaux et machines et démarré la production en mai 2016. Point d’orgue de ce début d’aventure, l’ouverture à Paris, le 1er  novembre prochain,  de leur première boutique de luxe. Ils y présenteront leur collection Renaissance.

 

Si le projet a commencé à murir en 2013, ce n’est que trois ans plus tard, en mai, que les statuts de la société Les Rives du Nançon à Fougères sont déposés. Le temps nécessaire pour Jerry Sanghami-Ouensana d’obtenir, en 24 mois, un exécutive MBA auprès de l’Institut français de la mode à Paris tout en mettant sur pied le projet.

« C’est la chose la plus dure que j’ai faite jusqu’ici. Il faut être aux commandes de tout et ne rien lâcher. La crise de la chaussure à Fougères a  laissé des traces. Un certain traumatisme est perceptible au sein d’une partie du tissu institutionnel local, aussi nous avons dû prendre notre mal en patience pour convaincre les banquiers de la place de nous accompagner. Ce sont les femmes qui nous ont sauvés. Banquière au CMB ou Conseillère entreprise à la CCI, elles ont su comprendre notre projet et dépasser le strict cadre financier à savoir mettre en valeur le patrimoine manufacturier de la chaussure à Fougères. Nous voulons faire revivre dans ce territoire un artisanat d’exception qu’il détenait encore courant la première moitié du 20ème siècle, basé sur un savoir-faire unique de très grande qualité ». 

 

Un patrimoine de marque pour se différencier 

Le rachat de  la marque fougeraise Morel et Gaté, qui fut en son temps une des marques françaises les plus renommées sur le plan international dans le domaine de la chaussure de luxe constitue la première pierre à leur édifice.  Avec un apport personnel, l’emprunt obtenu auprès de la banque et l’avance remboursable de 87 000 euros de la Région débloquée avec le concours de la CCI, les trois associés ont pu démarrer, en 2016, leur activité. 400 000 euros ont été investis dans des machines et l’aménagement d’un local  de 900 m². « Nous avons saisi l’opportunité de racheter le parc machines de l’entreprise mayennaise MGC production en liquidation. Nous avons par ailleurs récupéré un véritable trésor, des milliers d’archives et plus de 2 000 modèles de formes de chaussures différents pour femmes, hommes et enfants. Tout ce patrimoine créatif est en cours de numérisation». Perpétuer des pratiques artisanales est un moyen pour les marques de luxe de tirer avantage de la particularité de leur patrimoine pour se différencier de la concurrence par leur savoir-faire. C’est toute la démarche entreprise par les Rives de Nançon.

 

Une production entièrement made in Fougères

Six mois de formation ont été nécessaires pour chaque salariée recrutée. « Ce métier est d’une telle complexité que nous sommes aussi allés chercher  un chef d’atelier en Italie. Nous avons également embauché un technicien capable de remettre en état tous les machines que nous avions reprises et dont certaines datent du 19e siècle, à l’image d’une machine planimétrique. Au final nous avons créé 7 emplois. » Dans l’atelier chacun s’affaire avec minutie  à découper  le cuir, lui donner forme, le coudre. Une designer basée à Paris dessine les modèles. «Tous nos cuirs sont tannés végétalement. Nous nous fournissons en Italie pour avoir accès aux plus belles peaux. Tout est créé ici à Fougères, du patin à la semelle en passant par le contrefort, le talon et les formes. Deux brevets vont être prochainement déposés». Un savant arbitrage entre l’utilisation des techniques anciennes et celles issues des nouvelles technologies est la clé de ce savoir-faire que souhaite réhabiliter à Fougères les créateurs des Rives du Nançon.

 

Ouverture en novembre d’une première boutique à Paris

50% de la production qui sort aujourd’hui des  ateliers sont destinés à la sous-traitance. « Nous travaillons pour une petite dizaine de marques haut de gamme françaises». Cependant,  l’ambition des fondateurs va bien au-delà. Il s’agit de fabriquer et vendre leur propre marque de luxe Morel & Gaté à travers le monde. Leur modèle économique repose  sur l’exclusivité avec la création d’une boutique unique par pays,  à l’exception des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et du Japon où elles seront deux. « L’ouverture de notre première boutique se fera à Paris, le 1er novembre prochain, 15 rue de Richelieu. Nous y présenterons notre collection Renaissance, en tout huit modèles avec un prix de départ de 1 000 euros. » Nous sommes dans le luxe ! Autre canal de distribution, le web. « Via une application de prise de mesures numérique, toutes nos chaussures ont vocation à être vendues sur mesure à partir de notre site Internet», conclut Jerry Sanghami-Ouensana. Et même si votre carte bleue ne vous permet pas un tel achat, il serait vraiment dommage de ne pas profiter, au détour d’un clic,  de la découverte de cette collection de luxe made in Fougères.

 

*Morel & Gaté : Fondée en 1886 par Rollin et Morel, cette entreprise de chaussures fut l’une des plus importantes de la ville de Fougères. Spécialisée dans la fabrication de luxe pour femmes et enfants, elle prospère très vite est doit s’agrandir en 1890 et en 1900. L’usine ferme définitivement en 1985.

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