Véronique Maignant, le 06.01.2017
Commerce international et croissance, l'export sans limite !
Comme au plan national, les entreprises bretonnes sont pénalisées à l’export par la complexité réglementaire, les frais douaniers et la hausse des matières premières ... Pourtant, face à la pression du marché intérieur, elles doivent impérativement se tourner vers l’international pour trouver de nouveaux débouchés.

En Bretagne, elles sont environ 6 000 PME (1) à exporter dont la moitié est issue de l’agro-alimentaire. Ce nombre, stable depuis plusieurs années, représente 2,5%, de la proportion d'entreprises exportatrices au regard du tissu économique hexagonal.Allemagne, Royaume Uni, Espagne et Italie demeurent les premiers partenaires des entreprises bretonnes. Si exporter relève essentiellement de la stratégie propre à chaque entreprise, l'action des pouvoirs publics est déterminante.
Afin d’aider les entreprises à sauter les obstacles en Bretagne, les principaux acteurs jouent désormais collectifs. « Avec la création de Bretagne commerce international, il y a tout juste an, notre offre de services s’est élargie, explique Vincent Chamaret Directeur de cette association issue du regroupement de Bretagne international et CCI International. Non seulement, nous disposons avec les CCI d’un véritable maillage territorial, mais avec un directoire composé de chefs d’entreprises (2), notre capacité à écouter le terrain, réagir et s’adapter aux besoins des entreprises est quasi immédiate. Croyez-moi en période de contrainte budgétaire forte, faire preuve d’imagination est primordial ! »
Complémentarité des acteurs
« Notre travail d’accompagnement des entreprises à l’international, qu'il soit individuel ou collectif se fait en lien direct avec BCI, explique de son côté Alexis Struve, directeur inter-régional Ubifrance, agence française pour le développement international des entreprises), implantée dans 70 pays. Nous recherchons systématiquement les complémentarités que nous pouvons avoir entre eux et nous, et notre déléguée régionale est basée dans leurs locaux.»
BCI comme Ubifrance aident d’abord les entreprises à définir leur stratégie à l’international (étude de marché, business plan, RH, etc) avant de leur proposer un accompagnement individuel ou collectif susceptible de couvrir l’ensemble du projet de développement à l’international : conseils en matière juridique et réglementaire, réunions et ateliers d’informations, missions sectorielles à l’étranger, salons, rencontres d’affaires clients et/ou fournisseurs, forums de networking , intégration à des clubs ou réseaux d’affaires internationaux (World Trade Center Rennes Bretagne, Cercle export 29 ou conseillers du commerce exterieur…) comptent parmi les principales missions proposées aux PME.
Les salons : une première étape
Pour les entreprises qui choisissent d’exporter, la fréquentation des salons internationaux peut s'avérer nécessaire pour pénétrer des marchés a priori fermés et rencontrer des interlocuteurs ciblés. Cette prise de température peut aussi éviter des erreurs de marketing liées à un décalage des codes de communication.Participer de façon collective à un salon démultiplie l'efficacité commerciale, limite les coûts de location de stand qui se chiffrent à plusieurs milliers d'euros et permet aux PME de rentrer en contact avec des grands comptes internationaux. Cela permet aussi par ricochet de profiter des subventions régionales et de l'ensemble des conseils d'experts présents sur place.
« C'est aussi pour quelques PME bretonnes, l'occasion de faire du business entre elles, voire de mutualiser leurs savoir-faire pour être plus attractives. », poursuit Vincent Chamaret. En 2013, BCI a ainsi réussi à mobiliser quelques 450 entreprises bretonnes (dont presque la moitié issue de l'agro-alimentaire). Cela représente une quarantaine de salons organisés à travers le monde dont la moitié en partenariat avec Ubifrance.
Des opportunités de croissance à moindre coûts
En réaction à la crise du marché intérieur, pour doper le business des entreprises bretonnes, BCI organise la venue d’acheteurs issus de pays cibles, comme la Chine, la Russie, l’Allemagne ou encore l’Ukraine en 2013. Le but : les convaincre de passer commandes. « Et ça marche ! Dans les six mois, très souvent, la commande tombe; s’exclame Vincent Chamaret. Sur deux jours, nous leur organisons entre 8 et 10 visites d’entreprises qualifiées en fonction de leur demande, selon un cahier des charges très précis.»
Un autre succès en période de contrainte budgétaire forte est la participation des entreprises aux ateliers thématiques organisés sur tout le territoire avec l’appui des CCI : « environ 70 sont d’ores et déjà programmés en 2014. Gratuites, ces réunions se font sur inscription et en visio-conférence pour ceux qui ne peuvent pas faire le déplacement. » Animées par des experts, elles apportent des réponses concrètes et immédiates aux questions des participants.
Des financements de plus en plus nombreux
A l’heure où l’Europe est en panne, nos entrepreneurs n’ont pas d’autre choix que d’aller chercher des points de croissance là où ils se trouvent : Etats-Unis, Afrique, Amérique du Sud, Asie, etc, explique Eric Versey, directeur de Bpifrance Bretagne.
A l’international, Bpifrance privilégie l’accompagnement individuel à valeur ajoutée auprès de PME structurées, des ETI ou de belles PME. « Depuis un an, dans le cadre du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, ce travail se fait en lien avec Coface et Ubifrance dont les conseillers sont basés chez nous : Objectif : accompagner une quarantaine d’entreprises en croissance dans la durée, sur 3 ans, à l’international. C’est du sur-mesure ! »
Pour ce faire, ils disposent d’une large palette de produits financiers adaptés à la problématique des PME. Parmi eux, l’assurance prospection Coface. Celle-ci prend en charge le risque financier du développement à l’export : « Une partie des dépenses est indemnisée et vous remboursez seulement en cas de succès commercial.»
Le prêt Export finance pour sa part les programmes d’investissements (dépenses immatérielles, biens corporels, croissance externe, BFR, ) jusqu’à 5 millions d’euros sur une durée de 7 ans . «En 2013, nous en avons octroyés 33 pour un montant total de 10 millions d’euros, ce nombre est en hausse !»
C’est le cas de la société Triskem à Bruz (35) qui a bénéficié d’un prêt Export de 40 KE en 2012 et 40 KE en 2013 pour accompagner son développement sur la Chine et la Russie. Pour sa part, l’entreprise Guelt a bénéficié d’un prêt Export de 100 KE pour le développement commercial de stations de traitement d'eau pour les secteurs énergie et pétrole au Maroc et en Algérie.
Bpifrance garantit également directement les apports en fonds propres des entreprises à leurs filiales à l’étranger (hors UE) par la Garantie des Projets à l’International.
1 - Chiffres 2013 -BCI
2 - BCI est une association d’entreprises qui regroupe plus de 400 adhérents. Son directoire est composé de 12 chefs d’entreprises bretons

Frank Bellion
Vice Président CCI Bretagne
Parole d'élu
"Entreprendre, un besoin vital pour les PME"
« L’export permet de minimiser les risques et génère de l’innovation en ouvrant l’entreprise à la compétition mondiale. Mais pour aborder un marché à l’étranger, il ne suffit pas d’être visionnaire. Il s’agit d’arriver au bon moment, en ayant globalement analysé son marché et les attentes des prospects. Depuis un an, Bretagne Commerce International, ce regroupement de toutes les forces à l’international autour de la Région et des CCI, accompagne les PME bretonnes vers les pays où les potentiels de croissance sont les plus élevés. Dans cette période où la demande intérieure se fait rare, nous avons plus que jamais besoin de l’international pour tirer l’économie et développer nos parts de marché. »
Bretagne
8e région en nombre de VIE (Ubifrance)
4,3 Mds, c'est le CA de l'agricuture la pêche et l'agroalimentaire breton réalisés à l'export (Insee)
15%, c'est en moyenne la part du CA à l'export des IAA bretonnes
75% des exportations bretonnes se font avec l'Europe
TÉMOIGNAGE
Volontariat International à l'étranger Le VIE, moins cher qu’un expatrié

« Beaucoup d’entreprises, encore aujourd’hui, ne s’adressent à personne pour les accompagner à l’international », constate Alexis Struve. Pour mieux faire connaitre le parcours export qu’elles sont à même d’offrir aux PME, les agences nationales Ubifrance mais aussi Coface se sont rapprochées d’un certain nombre de banques. « Celles-ci sont les mieux placées pour orienter les demandes, si elles pensent que nos services peuvent aider leurs clients à s’implanter sur les marchés étrangers. » La recherche de Volontariat International en Entreprises (VIE) répond particulièrement à cette attente. C’est Ubifrance qui se charge de la gestion administrative et juridique, et trouve si besoin les jeunes selon les profils souhaités par les entreprises. « Tous les métiers sont représentés. L’intérêt pour l’entreprise est que le jeune n’est pas compté dans les effectifs. Il touche des indemnités et n’est donc pas assujetti aux charges sociales.» Les 5 premiers pays d’affectation pour la Bretagne sont le Vietnam, le Canada, l’Allemagne, la Belgique et Singapour.