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Bretagne économique, le 05.02.2016

Intelligence économique : compétitivité et innovation dans le viseur

Collecte, analyse, protection et diffusion d’informations, l'intelligence économique représente un avantage compétitif essentiel pour l’entreprise qui la pratique. Depuis plusieurs années, le réseau CCI innovation Bretagne en a fait une phase clé dans le processus d’accompagnement qu’il propose aux PME.

Intelligence économique : compétitivité et innovation dans le viseur

« Le terme même d’intelligence économique n’est pas toujours bien appréhendé, peut apparaître comme flou, voire conceptuel pour certains, souligne Alain Quais, président du groupe de travail Innovation et intelligence économique à la CCI Bretagne. Pourtant, il n’en est rien, bien au contraire ! L’intelligence concerne toutes les entreprises qui se trouvent dans un marché concurrentiel. L’intelligence économique recouvre également tout ce qui fait l’identité et la valeur d’une entreprise, que ce soit dans ses relations avec ses fournisseurs, ses clients et ses partenaires. Dans un contexte de globalisation où les attaques viennent de partout, nous observons depuis trois ans une prise de conscience de la part des dirigeants bretons de la place accordée à l’intelligence économique dans leur capacité à anticiper de nouveaux marchés, à innover et, au final, à mieux piloter leur entreprise. Plus que jamais, l’anticipation est devenu le maître mot de l’intelligence économique. » C’est ce que révèle l’enquête réalisée en 2015 par l’Arist Bretagne* sur les pratiques d’intelligence économique dans les entreprises bretonnes. Elle met en lumière les progrès réalisés en matière de veille tout en fléchant le chemin qui reste à parcourir sur les volets de la sécurisation de l’information et le lobbying.

La veille : à structurer !

Aujourd’hui, près de 90% des entreprises bretonnes estiment la veille importante et elles sont un peu plus de la moitié à avoir mis en place une démarche structurée. « C’est un bon score, poursuit Alain Quais, car il révèle l’existence d’une volonté forte de la part des dirigeants. Cependant, les entreprises ont encore trop souvent entre leurs mains une véritable mine d’or à l’état brut, qui n’est ni structurée, ni accessible par les bonnes personnes. La veille d’information est pourtant une démarche facile à mettre en place en interne, pour peu qu’on lui alloue un minimum de moyens humains et financiers. Par les connaissances acquises, certaines entreprises, et notamment des PME, parviennent à racheter des entreprises, développer de nouveaux services, et finalement, à transformer leur marché. »
Que cette recherche d‘informations soit liée à la concurrence ou aux clients - ce qui est l’objectif le plus fréquent (cf témoignage Medria Technologies) – ou encore à une veille juridique ou technologique, les données doivent être hiérarchisées en fonction des orientations stratégiques. Avec le programme Pl@net Veille, les conseillers des CCI accompagnent les entreprises dans ce sens et leur font découvrir par exemple des outils d’alerte sur Internet ou les réseaux sociaux, faciles à mettre en place (voir encadré). Au-delà, les CCI offrent aux entreprises l’accès à des services de veille spécialisés sur les marchés, les technologies, la règlementation, à l’image de www.themavision.fr animé par la CCI Rennes.

 

Sécurisation de l’information : une prise de conscience

Deuxième pilier de l’intelligence économique, et pas des moindres, le patrimoine intellectuel des entreprises doit également être protégé. Dans cette perspective, la sécurisation des informations sensibles représente un point clé de l’intelligence économique. Pourtant à la lecture des résultats de l’enquête une majorité d’entreprises interrogées (56%) n’a pris aucune mesure pour protéger son patrimoine matériel ou immatériel. « Celles qui sont le plus actives, sont en fait les entreprises qui ont subi une agression, fuite d’information, cyberattaque ou escroquerie. Les PME sont très exposées et représentent à mon sens une grande majorité des intrusions détectées. Très souvent, la sécurité économique est liée à des comportements humains. Il est surprenant de constater qu’il suffit parfois de tendre son oreille dans un train pour obtenir des informations qui ont de la valeur », relève Alain Quais. Facilement accessible, la sécurité économique repose en effet sur des principes simples, comme sensibiliser ses collaborateurs, verrouiller ses accès à l’aide de mots de passe, ou encore mettre en place des clauses de confidentialité avec les salariés et les partenaires. « La difficulté à évaluer les risques et les menaces pour leur entreprise explique en partie la faible implication des dirigeants en matière de sécurisation de l’information. Malgré tout la vague « d’escroquerie aux faux ordres de virement ou escroquerie au Président » apparue en 2013, qui a touché le monde de l’entreprise, dont certaines installées en Bretagne, a permis une certaine prise de conscience. » Sur ce volet, les CCI mettent à la disposition des entreprises des outils concrets pour leur permettre, par exemple, de se protéger des prédateurs à l’affût de technologies innovantes.

 

 

Le lobbying : principal levier, les réseaux d’entreprises

Parent pauvre de l’intelligence économique, le lobbying n’est familier que pour 1/3 des entreprises interrogées. Apparemment plus délicat à pratiquer, il demeure un élément clé pour optimiser une démarche d’intelligence économique. « Le mot lobbying est mal interprété en France car il est apparenté, à tort, à la corruption et au trafic d’influence, ce qui n’est pas du tout le cas lors de stratégies d’influence professionnelles. C’est connu, les cultures anglo-saxonnes sont plus douées pour l’influence. » Le lobbying est basé sur la notion de réseau. Ce n’est pas un hasard si parmi l’arsenal d’influence déployé par les entreprises bretonnes, les réseaux d’entreprises apparaissent dans l’enquête comme le premier levier pour exercer une influence. « Les CCI animent des dizaines de réseaux sur leurs territoires et contribuent à sortir les dirigeants de leur isolement. » Mais cela est-il suffisant ? « Dans un contexte où la concurrence est devenue mondiale, les positions de marchés sont redéfinies et de nouvelles règles commerciales émergent. Il existe pourtant des moyens de se faire entendre auprès de Bruxelles lorsque les intérêts d’un secteur sont menacés par une réglementation. Sur ce point, nous sommes insuffisamment organisés en amont pour pouvoir contrer certaines décisions européennes. »
En novembre dernier, le service EEN de CCI Innovation Bretagne, en collaboration avec Adria Développement, a accompagné une quinzaine d’entreprises de l’agroalimentaire à Bruxelles pour rencontrer des experts européens de la réglementation. Cette démarche s’apparente à la fois à une veille active et à une action d’influence en portant la voix des entreprises bretonnes auprès des législateurs.

 

 

*L’enquête a été conduite en juin 2015 par l’Arist Bretagne, service de CCI Innovation Bretagne, les CCI de Normandie, Bourgogne, Centre, Rhône-Alpes, Bretagne Développement Innovation et la Direccte, et avec le concours financier de la Région Bretagne.

 

 

Article paru dans le numéro 9 de Bretagne économique 1er trimestre 2016 - Toutes éditions

 


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