IEL TABLE SUR LES ENERGIES LOCALES

Vents porteurs et soleil au zénith

Développer des projets dont elle reste maître d’ouvrage dans l’éolien ; prestataire de services clés en main, de l’étude à la réalisation d’installations solaires photovoltaïques… Deux métiers très différents dans lesquels Initiatives et Energies Locales (IEL) a gagné son titre d’expert et dont le fil conducteur tient en une idée simple : faire avancer les énergies renouvelables.

“L’éolien a réellement démarré en France au début des années 2000, indique Loïc Picot, l’un des deux créateurs d’IEL. L’Ouest est particulièrement dynamique en la matière, d’autant qu’il bénéficie de conditions de vent intéressantes. Il faut dire que la Bretagne a conscience de son déficit en matière de production d’énergie. Dépendante d’autres régions, elle a la volonté de promouvoir les énergies renouvelables”. C’est sur ce courant porteur qu’IEL a lancé ses premiers projets en 2004. Vents propices, certes, mais également périlleux : il leur aura fallu plancher pendant près de trois ans, dans leurs bureaux du parc d’activité de Pégase à Lannion, avant de voir leurs premiers mâts s’élever vers le ciel. “Les projets éoliens sont toujours longs, note Ronan Moalic, son associé. Entre-temps, il y a toujours un risque d’échec. Il suffit de la modification d’une réglementation, d’un changement de conseil municipal… et on perd un projet en cours de route !” Avec pugnacité, les deux ingénieurs ont développé un portefeuille de projets sur le Grand Ouest. Une dizaine de parcs dont ils souhaitent conserver une partie de l’exploitation, en se rapprochant de partenaires industriels. “Cela demande des moyens assez importants, poursuit Ronan Moalic. Un parc moyen de 6 éoliennes (12 mégawats) réclame 16 millions d’euros, avec un retour sur investissement de 10 ans environ. L’éolien s’est énormément restructuré et les gros de l’énergie ont racheté les plus petits. Aujourd’hui, nos concurrents peuvent être Suez ou EDF… Il est de plus en plus dur de rivaliser”. Pour autant, un chiffre d’affaires en croissance constante (700 000 euros prévus en 2008) a permis de lancer l’activité solaire depuis un an.

Des filières à fort potentiel encore fragiles

Comme pour l’éolien en 2001, c’est la mise en place d’un tarif d’achat de l’énergie par les pouvoirs publics qui a permis un véritable lancement du solaire en 2006. “Ce tarif d’achat a encouragé l’émergence d’une filière et a donné aux professionnels une visibilité, indique Loïc Picot. Cela nous permet de proposer aux clients des projets qui ont une réalité économique”. IEL a ainsi installé la plus grande centrale solaire de la région : une toiture de 2 000 m2 sur un bâtiment agroalimentaire. Les exploitants agricoles, qui ont senti l’opportunité représentée par l’énergie solaire, représentent près de 70 % de la clientèle d’IEL. Avec des projets moyens de 36 kilowatts de puissance (250 à 300 m2 de toiture), les candidats peuvent envisager un chiffre d’affaires annuel de 17 000 euros par la revente de l’électricité, dès amortissement (près de 12 ans). “Il y a un potentiel énorme, constate Loïc Picot. Nous espérons donc qu’il n’y aura pas de retour en arrière dans la politique énergétique nationale. Tous les professionnels du secteur attendent les transcriptions du Grenelle de l’environnement avec méfiance, car les tarifs d’achat pourraient être remis en cause”. Un vrai risque aux dires de nos interlocuteurs, quand le lobby du nucléaire et les géants de l’électricité voient ces petits producteurs d’énergie à même de grignoter leurs parts de marché.

? Véronique Rolland

BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°189 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2008

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