Fondation Bon-Sauveur à Bégard : pôle de santé mentale

Ouvert en 1858 par la congrégation des Filles-du-Bon-Sauveur de Caen, l’hôpital psychiatrique de Bégard sera confié à une fondation indépendante 130 ans plus tard. Une décision qui a permis à l’établissement de trouver une voie pérenne et de s’adapter aux bouleversements des soins psychiatriques.

Si dans la mémoire des anciens, Bégard demeure la ville de l’asile de fous (ou plutôt de folles, puisque qu’à l’origine, seules les femmes étaient admises), les différentes mutations qu’a subies l’établissement en font aujourd’hui un véritable pôle de santé mentale. Certes, la chapelle s’impose toujours avec autant de majesté au centre du site, renforçant l’idée d’une activité profondément ancrée dans l’histoire locale. Il est vrai également que, toute entreprise privée qu’elle soit, la fondation n’exerce pas une activité anodine. « Il n’existe pas d’hôpital public de psychiatrie dans le Nord-ouest des Côtes d’Armor, explique Henri Terret, le directeur général. Depuis les années 1970, l’hôpital adhère au Service public hospitalier. Conséquences : avec un budget de 37,3 millions d’euros (toutes activités comprises, le budget de la fondation s’élève à 50 millions d’euros), nous avons les mêmes règles de tarification et le même système de financement que les hôpitaux publics, avec les mêmes contraintes de certification, de projet d’établissement, de contrat d’objectif… Mais le statut privé de la fondation nous offre plus de souplesse et de réactivité dans la prise de décision, une plus grande liberté d’entreprendre ». Une liberté d’entreprendre qui s’est avérée fort utile lorsqu’il s’est agi de faire face aux réformes hospitalières successives, exigeant de réduire la durée des séjours et le nombre de lits.

Transformer les contraintes en opportunités
_ « Il y a 20 ans, l’hôpital disposait de 800 lits, poursuit Henri Terret. En 2003, nous étions passés à 330 et l’ARH (Agence régionale de l’hospitalisation), nous imposait de ramener notre potentiel à 175 ». Une réduction drastique, représentant une véritable révolution industrielle pour la fondation. Elle tâche tout de même d’en tirer parti et en profite pour baisser le coût de gestion de ses bâtiments, réorganiser les soins et améliorer l’accueil et le confort des patients (désormais, 85% des chambres du centre hospitalier sont individuelles, 95% le seront en 2013). Le grand bouleversement réside néanmoins dans l’externalisation des soins. « Nous avons créé dans 10 communes de notre secteur des activités de soins : hôpitaux de jour, centres de consultation, centres d’accueil à temps partiel… Au lieu d’amener tous les patients sur Bégard, ce sont nos salariés qui se déplacent ou sont postés dans ces villes. Dès lors, 85% de nos patients ne viennent jamais à l’hôpital de Bégard ». De fait, 10 500 patients sont suivis (dont 2 400 enfants et adolescents) sur une population de 230 000 habitants. Un chiffre élevé qui s’explique par la situation de monopole de la fondation sur un secteur allant de Lannion à Guingamp, et qui n’héberge quasiment pas de psychiatres libéraux. « Cet été, afin de renforcer notre organisation, nous avons modifié nos trois secteurs d’intervention et créé deux pôles de soins psychiatriques sur lesquels sont répartis les 280 personnels soignant de l’hôpital ».

Une stratégie ancrée dans le territoire
_ S’il est certain que la fondation Bon-Sauveur continuera à imprégner le territoire, compte-tenu de ses compétences spécifiques et des besoins qui ne faiblissent pas, c’est par la création de structures médico-sociales qu’elle compte poursuivre son intégration dans le tissu départemental : Service d’aide à la vie sociale (SAVS), Établissement et service d’aide par le travail (ESAT), foyer de vie… Renforçant sa position parmi les trois premiers employeurs du bassin d’emploi de Guingamp. « Au total, la fondation dénombre 734 professionnels, indique Henri Terret. De 2008 à 2012, nous gagnerons 75 emplois, dont le tiers pour l’hôpital ». Parallèlement, le directeur général compte sur les coopérations diverses pour fortifier sa position. Anticipant la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires), le centre hospitalier a créé un groupement de coopération médico-technique avec le centre Saint-Jean-de-Dieu de Léon. Sur un autre champ d’action, la quête de partenaires médico-sociaux et hospitaliers permettra de répondre à des appels d’offres sur l’ensemble d’un territoire, à l’échelle d’un, voire deux départements. « Notre établissement est en avance en matière d’organisation en pôles, d’orientations et d’évolution médico-sociale. Nous avons su nous adapter aux contraintes imposées par les institutions, ce qui a renforcé la confiance des autorités de tutelle. Si nous gérons cette évolution adroitement, la fondation en sortira plutôt fortifiée qu’amoindrie ».

Véronique Rolland
_ N° 203 – octobre novembre 2010

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