S’adapter aux revers des marchés

Dès son lancement à la fin des années 1980, Vitalac a rapidement occupé une position de leader dans la fabrication et la commercialisation d’aliments pour le cheptel porcin. Mais depuis, l’état du marché a conduit l’entreprise à élargir sensiblement son activité. Une évolution contrainte, négociée avec succès

A la sortie du bourg de Carnoët dans les Côtes d’Armor, Vitalac et ses 80 salariés sont stratégiquement implantés au cœur géographique de la première région d’élevage d’Europe, productrice de 56 % des porcs de l’Hexagone. Ici, on fabrique du minéral : des prémix, des additifs, des compléments nutritionnels. Une gamme de produits peu touchée par les fluctuations des prix des céréales, comme les aliments complets. Contrairement à l’idée de départ, et bien qu’il reste important (38 % de l’activité), le marché porcin ne représente plus le pivot de l’entreprise, qui mise désormais son développement sur les bovins et l’export. « Peu à peu, l’élevage du porc est tombé dans une forme d’intégration, dénonce Gilbert Le Calvez, directeur général. Dorénavant, c’est l’opérateur d’abattage ou de transformation de la viande qui met la main sur l’ensemble de la filière. Aujourd’hui, quelques coopératives représentent un quasi-monopole en termes d’abattage. Elles imposent un cahier des charges, obligeant l’éleveur à se fournir auprès d’elles en produits alimentaires et additifs. Il perd donc toute la richesse de la concurrence qui a fait le dynamisme de notre région. » Difficile ensuite pour l’éleveur, qui n’a pas de solides bases financières, de revenir en arrière. Quant aux fabricants indépendants, ils se retrouvent face à un marché devenu inaccessible. « Cette pratique anti-commerciale est assez caractéristique de notre région, constate Gilbert Le Calvez. Ainsi, près de 70 % de la production porcine du Grand Ouest est liée par ce phénomène d’intégration. » Restent 30 %, pour laquelle Vitalac propose son expertise. Audit et diagnostic sont systématiquement posés afin de proposer une nutrition adaptée à chaque élevage. Pour autant, le marché des éleveurs porcins indépendants étant limité, le choix s’est porté vers la quête du marché international et l’élargissement du champ de compétences aux bovins.

Le salut est à l’export

Éleveurs, distributeurs et export représentent à parts égales l’activité bovine de Vitalac. « Un marché salutaire car plus ouvert », poursuit le directeur. S’il proposait déjà des compléments et additifs pour ce type d’élevage depuis une dizaine d’années, c’est le rachat de la société Cedem à Quintin en 2006 qui a réellement donné l’impulsion. Puis en 2009, une nouvelle ligne de fabrication a été aménagée à Carnoët pour la production de minéraux nouvelle génération. Il s’agissait d’accompagner un marché particulièrement dynamique, les éleveurs de bovins investissant et réalisant de véritables bonds technologiques afin d’intensifier leur production. « Pour y répondre, nous avons également organisé une équipe technique de très haut niveau, composée de nutritionnistes, vétérinaires, zootechniciens et biochimistes. Cela nous permet d’être présents auprès des éleveurs pour développer des produits, leur proposer des solutions permettant d’améliorer les performances générales et l’état sanitaire des troupeaux. » Une recherche appliquée sur le terrain, en relation avec des laboratoires et des entreprises technologiques. Sans oublier un des aspects positifs de l’ouverture au marché international : l’entreprise dispose d’informations plus larges lui permettant de rester à la pointe de l’innovation.


C’est par la petite route passant par la rue principale du bourg que défile le balai régulier de camions, chargeant les 60 000 tonnes de production annuelle, pour un chiffre d’affaires de 31 millions d’euros. A l’heure actuelle, la part de l’élevage bovin égale celle du porcin, l’export représentant 40 % des ventes. Espagne, Vietnam, Moyen-Orient, etc. Vitalac est présent dans une cinquantaine de pays. « Il y a un potentiel de développement particulièrement intéressant à l’export, indique Gilbert Le Calvez. L’objectif est donc de nous stabiliser sur ces marchés, tout en confortant techniquement notre offre. »

Véronique Rolland

Bretagne Economique n°212 Février Mars 2012

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