Armen Paper : bientôt du papier à base de kaolin breton !

Avec trois autres associés, le directeur de l’imprimerie Primset à Saint-Evarzec (29) a créé une start-up: Armen Paper. Objectif : commercialiser et développer la « feuille de pierre » fabriquée à partir de poudre de kaolin, issue des carrières de Plœmeur (Morbihan) et de Loquefret (Finistère). Un nouveau débouché pour cette poudre blanche, qui jusqu’ici servait surtout à produire du carrelage et de la porcelaine.

Un papier à base de pierre. C’est dans cette incroyable aventure que s’est lancé Pascal Parmentier il y a six mois. « Sur l’invitation de la CCIMBO, j’ai eu l’occasion de faire un voyage à Taïwan dans le cadre d’une réflexion sur la Blue Economy en Cornouaille. Gunter Pauli, le Steve Jobs de l’économie circulaire, était des nôtres. Nous sommes allés y rendre visite à une entreprise qui fabrique de la feuille de pierre à base de calcaire. A présent, l’idée est d’envoyer là-bas les déchets extraits par la société Imerys Ceramics des kaolins de Plœmeur dans le Morbihan et de Loquefret dans le Finistère, afin de créer notre feuille de pierre de Bretagne à base d’argile blanche, la kaolinite. C’est l’objectif de la start-up que nous venons de créer à quatre associés : Ismaïl Aït, Sylvain Bouvier, mon frère Christophe Parmentier et moi-même. D’où le nom commercial qui nous est naturellement venu : Armen Paper ».

Plus écolo que le papier classique en cellulose

Le procédé de fabrication de la feuille de pierre est simple : une fois que la poudre de pierre est réduite en grains de 3 à 5 microns, on constitue des « pelettes », sortes de boulettes composées de 80 % de pierre et de 20 % de polyéthylène (produit non toxique). Puis on les lamine pour obtenir des feuilles de papier que l’on met en bobines. « C’est un procédé très écologique », décrit Pascal Parmentier. « Pour fabriquer une tonne de papier classique à base de cellulose, on coupe 20 arbres, et on utilise 60 000 litres d’eau. Alors qu’avec la feuille de pierre, on n’utilise ni arbres, ni eau. On réduit de 900 kg par tonne l’empreinte carbone : pas d’eau, pas de chauffage, pas de produits chimiques. Les rouleaux sont juste chauffés à 160°. Et ce papier est recyclable à 100 %, contrairement au papier classique qui n’est recyclable que trois fois maximum ».

Waterproof et moins cher que le papier classique

Les qualités environnementales de ce papier ont déjà séduit des clients, notamment la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a commandé des cartes de visite en feuille de pierre. « Ce qui laisse présager de belles retombées auprès des collectivités territoriales, qui, depuis la Cop 21, doivent utiliser de plus en plus de produits durables », se réjouit Pascal Parmentier.

La feuille de pierre est aussi douce et agréable pour écrire, et, détail non négligeable, difficilement déchirable. Autre qualité importante de ce papier : il est waterproof, ce qui signifie qu’il peut être décliné pour de nombreux usages spécifiques, notamment en agro-alimentaire. « Les pépinières Le Steir de Plogonnec nous ont commandé 30 000 étiquettes pour des pots, qu’ils faisaient faire auparavant en plastique. Utiliser la feuille de pierre constitue pour elles une valeur ajoutée environnementale. L’association des pêcheurs ligneurs de la pointe de Bretagne est aussi intéressée pour remplacer ses étiquettes en plastique. J’imagine bien également la feuille de pierre pour des cartes de restaurant ou sur des bouteilles de rosé pour éviter que les étiquettes ne se décollent l’été dans les seaux d’eau ! ».

Pour le moment, des échantillons de kaolin du Morbihan et du Finistère ont été envoyés à Taïwan afin d’y effectuer des essais. Six tonnes s’apprêtent à partir dans des containers de 20 pieds pour démarrer la fabrication. Le but est d’envoyer au total 40 tonnes de matière première bretonne d’ici septembre. La CCIMBO va continuer d’apporter un soutien logistique, technique et de conseil. « Actuellement, nous cherchons des industriels qui pourraient investir dans des machines spécifiques afin de pouvoir fabriquer localement ce papier. Armen Paper continuerait de l’imprimer et de le commercialiser », poursuit Pascal Parmentier. Des pourparlers sont déjà en cours. Car en plus de toutes ses qualités intrinsèques, la feuille de pierre est bien moins chère que son équivalent synthétique (3,50 € le kg contre 10,30 € le kg), ce qui fait espérer de belles possibilités de vente.

En savoir plus sur le site Internet d’Armen Paper.

 

Article rédigé par Charlotte Viart 

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