Thao Lane, leader de la 1ère édition du Palmarès des entreprises bretonnes, aujourd’hui capital-risqueur.

En décembre 1988, à l'occasion de la première édition du Palmarès, les résultats(1) en hausse d’Ouest Standard Télématique (OST) propulsait la jeune PME en haut de l'affiche. Vingt ans après, nous avons retrouvé Thao Lane, son créateur, aujourd'hui âgé de 57 ans.

‘En 1996, j’ai pris la décision de vendre OST au groupe canadien Newbridge’, explique Thao Lane. Spécialisée dans le réseau des systèmes d’information, l’entreprise comptait 350 salariés et affichait un CA de 50 millions d’euros. « Dans un secteur où la haute technologie prime, les besoins en capitaux sont énormes. Il me fallait rentrer en bourse pour lever des fonds. Or, comme je ne suis pas un financier, passer la main était la meilleure solution pour assurer la pérennité de mon entreprise’. Après avoir vendu, il deviendra vice-président de Newbridge Networks et un des tout premiers « business angels » sur Rennes Atalante, la technopole bretonne au sein de laquelle ses deux entreprises ont vu le jour.
Car, fort de cette première expérience avec OST, Thao Lane crée aussi en 1988 AQL, une entreprise de services dans la sécurité informatique. Rapidement, l’entreprise connaît une forte expansion pour compter en 2000 plus d’une centaine de salariés. Mais, cette fois, c’est l’arrivée des 35 heures qui incite ce chef d’entreprise très habile à vendre son entreprise au groupe Silicomp basé à Grenoble(2). » Dans les années 2000, le climat social en France était tendu. Le passage aux 35 heures ne faisait qu’accroître les tensions et pour une PME il s’agissait ni plus ni moins d’aller à la guerre la fleur au fusil. C’était utopique ! Pour moi, les relations sociales sont au cœur du projet de l’entreprise, elles conditionnent sa réussite. Avec de tels handicaps pour les patrons, elles devenaient ingérables.’Tout en continuant de conseiller des start-up bretonnes et d’investir dans de nouvelles, Thao Lane s’installe à cette époque à Lausanne « où l’offre et la demande sur le marché de l’emploi sont équilibrées. Le secteur privé, du fait de la petite taille du marché, est beaucoup plus facile à appréhender et les écoles polytechniques de Lausanne et Zurich sont très réputées dans les domaines de l’informatique et des biotechnologies. J’ai donc là aussi investi dans des start-up. »

Ouest Ventures, une première dans l’Ouest
_ En 2003, il participe avec deux autres associés à la création d’Ouest Ventures.
Ce fonds privé de capital risque indépendant dispose aujourd’hui(3) de 34 millions d’euros investis dans des start-up, sous forme de participations minoritaires au capital. Ces entreprises à fort potentiel émargent dans des secteurs innovants tels que les télécoms, les Tic et les sciences de la vie, sur une zone géographique limitée à la Bretagne, les Pays de la Loire et Poitou-Charentes. La période d’investissement est de 4 ans, le temps nécessaire pour aider ces PME à se développer via un accompagnement stratégique, une aide à l’internationalisation ou bien encore un précieux soutien au recrutement. C’est sur ce dernier point que Thao Lane intervient en particulier : « La Bretagne est définitivement passée dans l’ère numérique. Sa force principale tient dans la capacité de ses hommes et de ses femmes à innover. La qualité de l’enseignement supérieur y est excellente et les Bretons sont plus travailleurs qu’ailleurs. Mais pour devenir leader mondial, il faut beaucoup d’argent. Les start-up ont besoin d’outil comme Ouest Ventures pour lever des fonds et se développer. Aujourd’hui, je participe au conseil d’administration de trois start-up dont Atlantic RF à Etrelles (35), spécialisée dans la conception et la fabrication d’équipements de transmission de données par radio-fréquences. Je les fais bénéficier de mes réseaux, notamment à l’occasion des recrutements. L’entreprise n’a de cesse de se virtualiser. Le mouvement est déjà très engagé aux Etats-Unis. Plus que jamais, la valeur ajoutée des PME tiendra dans le niveau de formation et la capacité de ses dirigeants à innover. »

Entre ses séjours en Bretagne – « j’y ai vécu 30 ans et élevé mes 4 enfants »- et en Suisse, il entretient ses racines asiatiques en participant au développement du commerce équitable au Laos. Il accompagne des entreprises locales, fabricants de thé et café bio, leur trouve des réseaux de distribution et des débouchés en France. Il aide aussi à la construction de groupes scolaires primaires car « il faut bien partager un peu » se justifie-t-il, lui qui s’est lancé sur le marché des services en informatique il y a un peu plus de 30 ans avec un simple capital de 7 600 euros.

Véronique Maignant
_ Bretagne économique n° 190 décembre 2008/janvier 2009
_ (1) CA 1988 : 114 millions de francs ; résultat net : +10 358 francs ; marge commerciale nette : +9,1 % ; effectifs : 131
_ (2) Les 3 sites bretons, Rennes, Brest et Lannion que compte aujourd’hui AQL-Silicomp regroupent quelque 400 personnes faisant partie depuis de l’entité ORANGE BUSINESS SERVIVES du groupe FRANCE TELECOM
_ (3) Début octobre, au moment où nous rédigeons ces lignes. Depuis, Ouest Ventures s’est lancé dans la création d’un second fonds avec un total d’apports de 30 millions d’euros pour poursuivre son activité. (Les Echos 9/10//08)

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